Après des années fastes, la croissance mozambicaine est en berne. En cause, les conséquences de la dette cachée et la situation politique et sécuritaire incertaine. Plus que jamais, Maputo est à la recherche d’un second souffle.

L’autre grenier du Grand océan Indien ? Avec une superficie nettement supérieure à celle de Madagascar – 801 590 km2 contre 587 040 km2 – et une population légèrement plus élevée (29 millions), le Mozambique affiche une densité très faible et se trouve bien loin d’exploiter toutes ses terres agricoles. Conséquence des choix d’une économie communiste, l’agriculture a été entièrement collectivisée de 1975 (date de l’indépendance) à 1992 (accords de paix entre le parti au pouvoir, le Front de libération du Mozambique (FRELIMO) et son opposition, la Résistance nationale du Mozambique (RENAMO). Aujourd’hui, l’agriculture se compose de petites fermes familiales et de grandes exploitations appartenant à de grandes entreprises. Elle reste caractérisée par une forte prédominance de l’agriculture de subsistance. Selon le ministère américain de l’Agriculture, seuls 7 % du territoire mozambicain était arable en 2015, soit 5,8 millions d’hectares alors que son potentiel en termes de terres agricoles atteint 49 millions d’hectares soit 62 %du territoire ! Si en dix ans, la production a doublé, la productivité reste limitée par le manque d’intrants et la faible mécanisation. 

Dette colossale

Le Mozambique reste condamné à importer beaucoup de denrées alimentaires. Or l’importation de ces produits nécessite des devises fortes et un soutien des bailleurs de fonds…
Révélé en avril 2016, le « scandale de la dette cachée » a considérablement affaibli la crédibilité de Maputo auprès des bailleurs de fonds et des investisseurs internationaux. En 2013 et 2014, le gouvernement mozambicain a levé secrètement – sans déclaration auprès du FMI et bénéficiant d’une garantie souveraine illégale – des fonds à l’étranger pour financer un programme militaire secret. Il a contracté une dette colossale de 1,37 milliard de dollars, qui a fait plonger l’économie. Surendetté, lâché par le FMI et les autres bailleurs internationaux, le Mozambique a été au bord du défaut de paiement. Si depuis, des tentatives de restructuration ont été élaborées, elles restent décevantes et surtout elles n’ont pas convaincu le FMI de reprendre ses programmes d’assistance. 
Conséquence : la croissance du PIB réel a été estimée à 3,5 % en 2018, contre 7 % en moyenne de 2004 à 2015 ! À ces mauvais résultats s’ajoute une incertitude liée aux élections présidentielle, législatives et provinciales prévues en octobre 2019. Ces scrutins interviendront alors que les tractations se poursuivent entre le gouvernement et la RENAMO. 

Le gaz naturel pour s’en sortir ?

Outre ses mines de charbon, d’or, d’aluminium ou de graphite, l’ex-colonie portugaise bénéficie des neuvièmes réserves de gaz naturel au monde ! Découvertes en 2010, elles devraient générer des recettes fiscales importantes à partir de 2023/2024. Ces réserves nécessitent des investissements massifs évalués à 50 milliards de dollars, plus de trois fois le PIB du pays, mais pourraient faire du pays un Eldorado gazier – un autre Qatar. Selon certains analystes, les recettes publiques exploseront pour porter la croissance économique à 24 % par an entre 2021 et 2025 !

Le Mozambique
Epictura © Ruslan Olinchuk

Le Mozambique en bref
– Superficie : 801 590 km2
– Population : 29 millions d’habitants
– Langue officielle : portugais
– Monnaie : Metical (le dollar est accepté un peu partout)
– PIB par habitant : 580 dollars (2015, Banque mondiale)
– Taux de croissance : 7,9 % en moyenne sur 2004-2015, 6,6 % en 2015, 3,3 % en 2016, 3,7 % en 2017 (prévision 2018 : 3,5 %) (FMI et Banque mondiale).

Source – EcoAustral