Malgré l’offensive inédite des géants chinois et indien, une récente analyse démontre que l’Union européenne reste le principal partenaire commercial de Maurice. Elle se place loin devant également dans les investissements directs étrangers. Petite piqûre de rappel ?
« L’Union européenne (UE) est toujours, malgré la pandémie, un partenaire clé de Maurice, rappelle, chiffres à l’appui, Vincent Degert, l’ambassadeur de l’UE auprès de Maurice et des Seychelles. Et de préciser que dans le secteur commercial, les 27 représentent à eux seuls 24,7 % du résultat. « L’Union continuera à assurer une reprise durable et résiliente tout en stimulant les relations économiques, en fournissant des investissements directs étrangers (IDE), en créant des emplois et en approfondissant notre partenariat », souligne encore le diplomate. Cette déclaration apparaît (largement) comme une piqûre de rappel face à l’offensive inédite de Beijing et surtout de New Delhi dans la petite île de l’océan Indien.
Le montant total du commerce de Maurice en 2020 a représenté 4,63 milliards d’euros. Un chiffre en baisse de 14,4 % par rapport à 2019 (5,41 milliards d’euros). Selon le Fonds monétaire international (FMI), la crise induite par la Covid-19 a considérablement perturbé le commerce international de Maurice : les exportations ont chuté de 35,8 % et les importations de 12,6 %.
La fermeture des frontières avec le premier confinement à la mi-mars 2020 a sérieusement affecté les flux commerciaux internationaux de Maurice. Comme d’autres pays, la valeur des échanges pourrait également avoir été impactée par les politiques de taux de change, notamment en 2019 et 2020. Malgré cette baisse, l’UE est restée le principal partenaire commercial de Maurice absorbant 24,7 % du commerce total. Parmi les pays de l’Union, 30 % du commerce total s’est fait avec la France, 16,6 % avec l’Espagne et 14,3 % avec l’Italie. Les échanges avec l’Espagne et les Pays-Bas ont connu respectivement une augmentation de 1,5 % et 3,5 %. Si les effets complets de la pandémie sur le commerce n’ont pas encore été quantifiés, selon les prévisions de Statistics Mauritius, l’Insee local, les échanges commerciaux pour 2021 augmenteront de plus de 11 % par rapport à 2020.
Concernant les investissements directs étrangers à Maurice, toujours utiles pour mesurer l’attractivité économique d’un pays, on s’aperçoit, là encore, que l’UE prend la première place, avec 48,5 % du total des IDE sur l’île, soit 140,59 millions d’euros provenant, en 2020, de l’Europe des 27. La France représente 60,6 % des IDE de l’Union et 29,4 % du total des IDE (contre 73,2 % et 38,4 % respectivement en 2019). Avec 10,9 % des IDE, en 2020, l’Afrique du Sud constitue la seconde principale source d’investissements étrangers, mais en baisse (20,3 % en 2019).
Quant aux flux sortants d’IDE, autrement dit les « retours » obtenus par les investisseurs étrangers à Maurice, ils se sont élevés, en 2020, à 58,12 millions d’euros, la France recevant 4,3 % de ces flux soit 59,2 % des flux sortants de Maurice vers l’Union. Le stock d’IDE dans le pays s’élevait alors à 5 167 millions d’euros.
New Delhi fait toujours les yeux doux à Port-Louis
Après le financement du Metro Express – dont le coût est grandement assuré par une subvention et une ligne de crédit de l’Inde -, la construction de la nouvelle Cour suprême pour 311 millions d’euros, et la nouvelle Bourse Afrinex Exchange, le Premier ministre indien Narendra Modi a réitéré, fin janvier, son appui à Maurice. C’était lors d’une rencontre virtuelle alors qu’il inaugurait des logements sociaux, la construction du Civil Service College (qui forme tous les fonctionnaires de l’île) et d’une ferme photovoltaïque. New Delhi a aussi accordé une extension de 167 millions d’euros de sa ligne de crédit pour le métro. Les financements indiens sont conditionnés à la sélection d’entreprises indiennes, ce qui n’est pas le cas des financements européens.
