Dans cette île où les religions cohabitent paisiblement, et où les jours fériés sont partagés entre les quatre principales religions, il est possible de s’abstraire des tensions occidentales tout en ne renonçant pas à l’esprit d’entreprise…

Entrepreneurs qui gèrent leurs affaires de loin et créent de nouvelles entreprises sur place, quadras arrivés persuadés que « ici, tout est possible si on travaille », digital nomad qui profitent d’un nouveau visa et du faible décalage horaire pour suivre leurs clients en France, le profil des Français, Suisses, Belges et autres européens qui s’installent à l’île Maurice est en train de changer. Les Sud-Africains investissent aussi de plus en plus pour des raisons de sécurité. Bien sûr, les retraités, souvent golfeurs, sont toujours là, mais ils ne sont plus les seuls à mettre le cap sur l’océan indien.

L’île Maurice ? Vous l’avez sûrement envisagée comme un lieu où s’envoler pour dix jours de vacances, mais pas plus. Certains retraités français passent tout l’hiver dans cette île de 1,3 million d’habitants, on les rencontre, souvent accompagnés d’amis sur les plages, dans les restaurants et les supermarchés de la côte ouest.

Et il faut avouer qu’ils ont l’air de profiter de la douceur de la vie ! Tout comme les golfeurs qui s’en donnent à cœur joie sur les parcours du resort d’Anahita sur la côte est en face de l’île aux cerfs ou dans le domaine de Bel Ombre au sud face à une réserve naturelle qui a reçu la certification man & biosphère de l’Unesco.

Deux resorts haut de gamme dans une nature préservée. A l’île Maurice, l’espace ne manque pas ! Au Domaine de Bel ombre (2500 hectares), où sont implantées les villas Valriche Héritage (à partir de 1,3 million euros), on peut vraiment s’immerger en pleine nature et oublier le monde !

Paradis tropical. L’île Maurice est restée dans nos têtes l’image d’un paradis tropical pour retraités nantis. Elle l’est toujours, mais pas que. « Il y a un réel rajeunissement parmi nos clients. Avant, nous avions surtout des personnes proches de la retraite ou à la retraite qui recherchaient une résidence secondaire à l’île Maurice. Aujourd’hui, beaucoup s’installent ici pour travailler, certains qui ont des postes nécessitant des voyages internationaux se positionnent ici entre Afrique et Asie, d’autres travaillent comme digital nomad », explique Céline Vallée Lacoste, directrice de l’agence Zingraf à l’ile Maurice.

Le gouvernement propose d’ailleurs toute une série de visas pour s’installer et a simplifié l’accès à l’île. Le récent visa Premium Travel (renouvelable) permet par exemple aux étrangers de séjourner dans l’île un an, à condition de « produire une attestation des projets de long séjour et une assurance de voyage et médicale qui couvre la période du séjour ». Un impératif : « Ne pas intervenir sur le marché du travail mauricien ». Pas question de travailler sur place pour des clients locaux.

Autres options : le permis investisseur (résidence temporaire de dix ans pour qui investit 50 000 dollars dans une entreprise), ou encore le permis lié à un achat immobilier d’au moins 375 000 dollars (résidence permanente à condition que la source des revenus se trouve en dehors de l’île).

Dès 50 ans, il est même possible d’obtenir un permis de résidence « retraité » de dix ans en apportant la preuve de fonds minimum. Et peu importe que l’on soit retraité ou pas… à 50 ans, c’est difficile !

Attention, on parle ici de résidence seule, pas d’expatriation fiscale. Certains ont ainsi le statut de résident permanent à Maurice, mais restent fiscalisés en France.

D’autres ont liquidé leur immobilier en France et se sont exilés pour de bon. La fiscalité du pays est, il est vrai, nettement plus douce que la nôtre : ici, il n’y a ni IFI, ni impôt sur les plus-values, sur les dividendes, sur les successions. Les taux d’impôt sur le revenu plafonnent à 15 %, mieux « les revenus perçus par un retraité hors de l’île Maurice au cours de cinq dernières années sont exonérés de l’impôt sur le revenu », précise le site de l’EDB (Economic development board), l’efficace agence gouvernementale pour la promotion de l’île Maurice.

La convention fiscale franco-mauricienne et généreuse. Les plus-values réalisées sur une maison ou un appartement situé sur l’île ne seront en effet pas soumis à l’impôt sur les plus-values, même si le propriétaire est résident fiscal français. Seule une taxe minime sera payée sur place.

« Les investissements immobiliers sont en progression constante depuis l’ouverture du marché aux investisseurs étrangers. L’île est un carrefour d’affaires important à un fuseau horaire proche de l’Europe », constate Barnes qui considère les conditions actuelles « ultra propices » à l’investissement des étrangers ! Les étrangers peuvent par exemple désormais acquérir de l’immobilier commercial. Pour les investisseurs, la stabilité politique et fiscale, la main d’œuvre qualifiée sont des atouts de taille alors que les tensions en Afrique poussent parallèlement de plus en plus de fortunes du continent à voir l’île Maurice comme une base arrière.

« L’île Maurice veut devenir le Singapour de l’Afrique », résume Cyril Bougaux, le directeur de la communication du grand resort de l’est, Anahita. Ex-journaliste commentateur du golf sur les chaînes de Canal Plus, il s’est installé il y a cinq ans dans l’île. « Il m’arrive encore de temps en temps de faire des commentaires depuis l’île Maurice », raconte celui qui est comme un poisson dans l’eau dans sa nouvelle vie. Il a même appris le créole !

Avec 15 000 hectares, d’anciennes plantations sucrières, Alteo, la société mère d’Anahita, est le plus grand propriétaire privé de l’île. C’est une année charnière pour le groupe, en 2024 s’achèvera la commercialisation du programme immobilier d’Anahita commencée il y a dix huit ans et celle de Beau Champ débute (118 hectares). L’ancienne usine manufacturière désaffectée depuis 2012 va devenir un nouveau centre de vie, mi-résidentiel, mi-tertiaire avec une école, un cabinet médical, des commerces, un café, des restaurants, un club de sport, des locaux d’entreprises et des espaces de coworking.

Smart city, Beau Champ veut attirer des entreprises grâce à son positionnement original. L’espace permettra d’implanter 5 hectares de cultures, fruits, légumes, qui seront consommés sur place, mais aussi de réintroduire et de sauver des arbres endémiques. La préservation du patrimoine historique, l’allée de palmiers, les canaux, les bassins donnent au site un charme particulier. L’école devrait attirer des familles plus jeunes et le village davantage mixer acquéreurs étrangers et Mauriciens.

Les parcelles de terrains vierges sont toutefois réservées aux Mauriciens. Les étrangers peuvent investir dans des appartements (à partir de 475 000 euros pour un 2 chambres de 174 m²) et des villas à partir de 1,1 million d’euros lors de la première phase de ce projet de ville à la campagne. L’arrivée d’une autoroute dans la région, espérée dans quelques années, permettra de désenclaver l’est et de mettre le pôle de Grand Baie à 30 minutes de route.

Après les grands développements de resorts autour d’un hôtel avec des résidences secondaires haut de gamme pour étrangers, l’île Maurice est passée à une nouvelle phase de son développement immobilier qui passe notamment par des smart city. Il en existe plusieurs dans l’île, celle de Beau Champ en pleine nature avec un projet respectueux de l’environnement (pré certification well community) se différencie par sa vocation agricole.

Un nouveau visage de Maurice, plus actif, plus jeune est en train de se dessiner. Le pays devrait dépasser cette année le nombre de touristes pré Covid. Maurice ne sera jamais Dubaï, l’île paraît même aux antipodes de l’effervescence dubaïote : pas de plus-values éclair, peu de bling bling, mais des codes, une culture à déchiffrer quand même et auquel il faut s’adapter pour entreprendre ici.

J’ai rencontré plusieurs entrepreneurs Français durant mon passage sur l’île. Ils ont changé de vie et ont trouvé leur bonheur à l’île Maurice en multipliant les initiatives !

« A 35 ans, si on n’aime ni la mer, ni le golf et si on ne travaille pas, c’est vrai on peut ne pas se plaire ici, mais sinon… », lance Rémy Mabillon, fondateur de Necker Finance et du RM Club, entrepreneur hyperactif, qui a gardé sa société de gestion de patrimoine à Genève, en a créé une sur l’île, ouvert plusieurs clubs de sport haut de gamme, investi dans la promotion immobilière, restaurants, locations touristiques. L’homme est un des meilleurs ambassadeurs de l’entrepreneuriat à Maurice, il participe d’ailleurs régulièrement à des road show en Europe à la demande de groupes immobiliers ou du gouvernement.

« En arrivant, je n’imaginais pas faire tout ça ! C’est l’opportunité des rencontres. La vie personnelle est agréable, et professionnellement tout est fait pour encourager les initiatives, pour faciliter les investissements étrangers. Si on investit dans une smart city, on ne paie par exemple pas de TVA pendant 6 ans ».

Fabrice et Emilie Hénault, eux aussi, sont bien décidés à rester sur l’île. « Nous sommes venus en 2016 en vacances, on a tout aimé, le cadre, l’esprit de tolérance. Ici, le stress n’existe pas. Nous nous sommes installés il y a trois ans et ne retournerons pas en France. Les gens n’imaginent pas qu’on peut vivre chaque week-end comme des vacances et puis le décalage horaire fait qu’on est toujours en avance sur la France », explique ce passionné de sport et de golf. Son épouse, Emilie, se lance dans la mode, en créant sa marque Byemilie. Lui, a créé dans l’île un call center, des écoles de formation, fait des opérations de marchand de bien.

A l’approche de ses 55 ans, il est décidé à se retirer des affaires dans deux ans pour se consacrer à sa passion, le golf en tant que… coach mental. Un coaching qui a l’air payant et qui lui vaut son surnom « terminator » inscrit sur son polo ! Le champion français, Matthieu Pavon, qu’il coache mentalement, est devenu fin janvier le premier français à s’imposer sur le PGA Tour depuis 1907, en remportant un tournoi en Californie.

Son conseil ? « Ne jamais oublier qu’on n’est pas chez nous, il faut respecter les gens ». Pour s’adapter ici, il faut notamment savoir que le temps n’est pas le même qu’en Europe…

Source – Article issu du site Lopinion